Dans le cadre de mon master 2 Santé Publique Épidémiologie Clinique à l’université Paul Sabatier, j’ai eu la chance d’effecteur mon stage de fin d’étude au sein de l’ORU Occitanie. À mon arrivée, j’ai poursuivi le travail sur le taux de recours aux urgences et l’accès à un médecin généraliste, initié quelques mois plus tôt par Mathilde Mongeau (interne en santé publique-ÉTUDE). Ceci est donc un aperçu du travail effectué, qui constitue mon mémoire de recherche. Marina Ferrand
Introduction
Au fil des années, les services d’urgences ont été confrontés à une augmentation constante du nombre de passages. Puisqu’une grande partie de ces visites se font sans avis médical préalable et ne nécessitent pas d’hospitalisation, elles pourraient être traitées dans des cabinets de médecine générale.
Il est envisageable de penser que les patients se tournent vers les services d’urgences plutôt que vers la consultation d’un médecin généraliste, à cause d’un accès limité à ce dernier. Cette étude a pour but de vérifier si l’offre de soins en médecine de ville d’un territoire a une influence sur le taux de recours aux urgences ainsi qu’étudier les facteurs influençant le recours aux urgences.
Méthode
La base de données provient des Résumés de Passages aux Urgences 2022 de la région Occitanie. Le recours aux urgences (hors traumatologie) est estimé par le ratio du nombre de passages des habitants d’une commune sur la population de cette même commune. L’offre de soins en médecine de ville est mesurée par le biais de l’APL (Accessibilité Potentielle Localisée) indicateur local développé par la DRESS (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) et l’IRDES (Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé). Elle exprime le nombre de consultations potentiellement accessibles par an et par habitant dans une commune. D’autres indicateurs de l’offre de soins du territoire sont utilisés tels que la distance à un service d’urgences ou encore la présence d’un Centre de Soins Non Programmés (CSNP) ou d’une Maison Médicale de Garde (MMG). La relation entre le taux de recours aux urgences et les différents facteurs potentiellement explicatifs a été modélisée à l’aide d’une analyse de covariance.
Résultats
Le taux de recours moyen est de 14,3% (± 6,7%). L’APL n’induit pas de variations significatives de celui-ci. Les autres facteurs intégrés dans le modèle et correspondant à l’offre de soins du territoire font varier le taux de recours aux urgences de manière significative. Cependant, ces variations ne sont pas les mêmes selon le type de structure. La proximité avec une maison médicale de garde ou avec au moins un service d’urgences va considérablement augmenter le taux de recours aux urgences et de manière significative : de 1% jusqu’à plus de 4% lorsque la commune se situe à proximité de 3 ou plus services d’urgences. En revanche, la proximité avec un centre de soins non-programmés induit une diminution significative d’environ 2 % du taux de recours aux urgences.
Après ajustement du modèle sur l’âge, les résultats obtenus sont similaires pour toutes les tranches d’âge hormis pour les personnes âgées de 75 ans et plus. Une augmentation significative d’environ 2 % du taux de recours aux urgences est mise en évidence pour les communes occitanes où l’offre en médecine générale est inférieure à 2,5 consultations par an et par habitant. Des résultats avec la même tendance apparaissent lorsque le taux de recours restreint aux urgences « non-graves » (codées CCMU 1 ou 2) est étudié.
Conclusion
Il n’y a pas de mise en évidence d’une influence significative de l’accessibilité à un médecin généraliste sur le taux de recours aux urgences. Cependant, la présence d’un CSNP, d’une MMG ou d’au moins un SU à proximité des communes induisent des variations significatives du taux de recours. Dans la continuité de l’étude, il serait pertinent de réévaluer le taux de recours aux urgences après mise en place d’un service d’accès aux soins (SAS).