Introduction
En 2022, au moins 120 établissements hospitaliers accueillant un service d’urgence (SU) ont été forcés de limiter leur activité. Cette crise hospitalière s’avère être pérenne dans le temps. Nous avons donc étudié l’impact de la fermeture de deux SU sur le flux patient.
A partir des données de Résumés de Passages aux Urgences, nous nous sommes concentrés sur deux SU : le SU A fermé la nuit en 2022 (dont SMUR), et le SU B fermé la nuit de juillet à décembre 2022. Nous avons comparé les périodes jour et nuit pour 2019 et 2022, puis analysé les profils patients-types pour chaque SU, ainsi que les passages selon le code postal (CP) de résidence des patients.
Résultats
En 2022, le nombre de passages le jour aux urgences du SU A a diminué de 15% et de 0,4% pour le SU B par rapport à 2019. Pour les deux SU, cette diminution concerne toutes les tranches d’âge. La part des hospitalisations reste stable. On ne constate pas d’augmentation des passages le matin.
La majorité des patients du SU A proviennent du CP dans lequel se situe l’établissement. En 2022, les passages (tous SU confondus) issus de ce CP ont diminué de -27% en journée et de -40% en soirée. Près de 90% des patients avec ce CP se sont dirigés vers le SU de référence du département pour consulter un SU la nuit, en 2022. Cela représente un peu plus de 2 patients en plus par nuit pour ce SU de référence.
Pour le SU B, les quatre CP les plus importants ont été retenus. Ces CP (tous SU confondus) sont en baisse de -36% de passages la nuit, entre 2019 et 2022. Plus d’1/3 d’entre eux se sont dirigés vers le SU de référence du département la nuit en 2022, représentant plus d’un patient par nuit en 2022 issu d’un de ces 4 CP, et un doublement des usagers du SU de référence avec l’un de ces CP, par rapport à 2019.
On observe une augmentation des interventions SMUR la nuit sur les territoires des deux SU fermés la nuit : 5 fois plus sur le territoire du SU A, et 2,5 fois plus sur le territoire du SU B.
Conclusion
La fermeture d’un SU la nuit ne semble pas avoir d’influence sur le taux de passage le lendemain matin. L’impact sur la fréquentation des autres établissements de santé à proximité est tangible et peut potentiellement augmenter le flux patient d’un SU déjà sous tension. On ne peut pas complètement exclure la possibilité selon laquelle une partie non négligeable des patients ne se serait tourné vers aucun autre SU, occasionnant potentiellement une perte de chance pour ces patients.
Auteurs
- Alexandre Mitov
- Laure Pourcel
- Hervé Mourou
CONGRÉS URGENCES 2024
5 – 6 – 7 juin 2024